À propos
DE TOUT CŒUR* JE TENTE DE FAIRE VIBRER UNE CORDE ET TOUTES SES HARMONIQUES JE CHERCHE LES POINTS D'ALLER RETOUR ENTRE ICI ET AUTRE PART QUE NOUS NE SAVONS PAS DE TOUT CŒUR JE PARTAGE CE QUE J'AI À DIRE À BRODER À CHANTER À COUDRE À MODELER À DONNER
a-galon*
Noir bleu de nuit des chemins des temples sur le tapis
On tisse avec un os une laine
poussière sur le bout de la langue
Sur le tapis usé jusqu’à la corde le corps à cœur ouvert
autour la peau dessous la peau la moelle
là où j’habite là où ça chante
Jouer la corde c’est le son de l’ange
Quelque chose se produit
Un paysage qui ne rappelle rien et pourtant un écho
une voix mélopée
On joue on rejoue un sommeil de cent ans
Ça n’existe pas disparaître
On s’imagine un mensonge qui porte au cœur
à force ça emmure ça rend muet
Quelqu’un brode encore dans la nuit l’escalier la fenêtre
Quelqu’un qui n’oublie rien ou peut-être
un mouchoir dans la poche
dans la gorge un galet de charbon
On brode les initiales et tout commence
on lie les lettres et c’est déjà trop tard
De toutes tes forces tu veux écrire
plus profond vivre plus loin ne plus rien retenir
La corde à vide fait des vagues
c’est loin et tout près dans le cœur
Elle chante une silhouette
comme une odeur de main de cuisine et de jardin
qui disait les choses à vivre
Dans les miroirs face à face je ne vois que des silences bègues
des débris de verre qu’on roule avec la langue
lisse et tranchant le bout de la langue
On fraye les gravats les ossuaires
on murmure les barbelés
les ronces
Tapis rouille le sang des songes
Je me tais comme si de rien naissait tout ce qui s’éparpille disparaît
le poids du corps qui tombe le poids de la corde qui tape le sol
et la poussière se lève
On chante pour se souvenir
quelque chose apparaît
une voix vivante qui reprise la lumière
Griffin' 2023
POÉSIE SONORE
ULYSSIA
RHAPSODIE ALLEMANDE
"Cristine Merienne propose avec Ulyssia un magnifique voyage, sensible, touchant et parfois drôle, au son d’une harpe dont les cordes résonnent comme celles de la phorminx d’un aède grec."
Adeline Grand-Clément
historienne de la Grèce ancienne.
À partir de la découverte de bandes enregistrées en Allemagne dans les années 60, et de l’expérience de l’aphasie, s’engage une traversée poétique bilingue, aux frontières de soi et de deux pays autrefois en guerre. Frontière que l’on frôle, qui se dévoile, semble infranchissable, qu’on traverse enfin pour se sentir entier.

ULYSSIA est un actuellement un seul en scène avec une harpe celtique et une voix. Un récit, des poèmes, des chansons en français, en allemand, un revox et une bande magnétique.
« Wer einmal sich selbst gefunden hat, kann nichts auf dieser Welt mehr verlieren.»
Celui qui s’est trouvé lui-même, ne peut plus rien perdre dans ce monde.
Stefan Zweig
ULYSSIA a fait l'objet d'une première création en 2016 avec le groupe JeanJeanne et le plasticien Julio Rölle (44 Flavours, Berlin). Une pièce manquait à ce puzzle, et c'est seulement en 2021 que je découvre deux autres bandes magnétiques, sur l'une la voix d'alto de ma grand-mère allemande chante Schubert, sur l'autre la voix pleine d'émotion contenue d'une femme anonyme nous offre un monologue sur les limitations du langage, la difficulté à dire, à se dire, et à parler de l'amour.
Une grâce bouleversante se dégage de cette voix qui nous parle depuis l'Allemagne le 28 décembre 1966.
Je… sur l’ambiguïté… et l’indicible… ce qui est vraiment essentiel… laisse moi essayer…de dire… ce qui m’inspire… et même en prenant le risque… que mes mots… soient incompréhensibles… pour toi… garde bien cet enregistrement… parce que peut-être… va savoir quand… on pourrait y trouver… quelque chose… qui prendrait de l’importance.